Intervention du groupe socialiste dans le cadre du vote du budget primitif 2011 – Conseil municipal du 29 mars 2011
Conseil municipal du 29 mars 2011
Intervention du groupe socialiste dans le cadre du vote du budget primitif 2011
Monsieur le maire, chers collègues,
Une chose est sûre, ce soir, c’est bien d’affirmer que nous ne vivons pas dans un monde calme et paisible mais que tout est fureur, mort, désolation et repli sur soi. Peu de raisons de se réjouir.
Après la crise financière qui a connu son paroxysme en octobre 2008, les réactions en chaines qui s’en sont suivies persistent dans le monde entier :
Le Portugal s’enfonce dans la crise politique ;
La révolte gronde dans l’ensemble des pays arabes avec la volonté de peuples longtemps opprimés de connaitre enfin le goût de la liberté ;
Au moyen Orient les chemins d’une paix durable sont toujours aussi difficiles à trouver ;
En Côte d’Ivoire, le pays oublié, la situation est dramatique et aucune solution ne semble possible pour régler le conflit politique ;
Au Japon, un énorme tremblement de terre suivi d’un gigantesque tsunami nous ont rappelé que nous sommes sur une planète qui vit, qui connaît aussi des crises révélant nos faiblesses et bousculant nos certitudes en matière notamment d’énergie nucléaire ;
En France enfin, nous sommes au lendemain d’élections cantonales qui laissent un goût amer. Certes la gauche progresse, l’UMP s’écroule mais au profit d’un front national qui progresse dangereusement sur fond d’une abstention record.
Cependant malgré ces événements, il est important à notre niveau d’agir, en tant qu’élus pour satisfaire les besoins de nos concitoyens par la mise en œuvre de politiques publiques dont le budget est la traduction financière et ce dans un contexte politique difficile.
Le débat d’orientation budgétaire a déjà été l’occasion de le dire, le budget 2011 est un budget très contraint, notamment du fait du gel des dotations de l’État. On peut noter qu’après avoir fait payer à nos concitoyens le cynisme des banques et l’avidité des spéculateurs immobiliers, l’Etat fait le choix de la rigueur imposée à tous, une fois encore sur le dos des plus modestes (et des moins responsables de cette situation). Il faut le dire et le répéter, derrière cette situation, il y a des choix, des choix politiques.
Le gouvernent nous a dit « La crise nous oblige à faire des efforts pour rester compétitifs sur le marché international », nous laissant croire qu’il n’y a pas d’autres chemins possibles. La crise, en fait, a bon dos. La réalité est plus complexe. Ce gouvernement, qui voudrait donner des leçons de réalisme et de saine gestion à la gauche, a mis la France dans un état d’asphyxie financière jamais atteint, et il veut désormais nous convaincre qu’en ajoutant de la rigueur à cette dérive, cela ira mieux demain !
Le gouvernement voudrait également que les collectivités, communes, départements et Régions, souscrivent à cette politique. Et comme cela ne va pas de soi, ils essaient de nous forcer la main.
Or, les collectivités comme la nôtre, mais aussi la société civile, les associations, sont de plus en plus sollicitées, en guise de matelas, pour amortir la chute de celles et ceux qui subissent la crise (le chômage, la précarité, les difficultés d’accès au logement et à la santé etc…) et les choix du gouvernement.
Dans ce contexte très difficile à la fois économiquement, socialement et politiquement, le maintien en 2011 de la stratégie financière que nous nous sommes fixée a particulièrement de sens :
- pas d’augmentation d’impôts en 2011,
- maîtrise des dépenses de fonctionnement,
- maintien d’une bonne capacité d’investissement,
- endettement maîtrisé
Cette stratégie, contrairement aux choix qui sont faits au niveau national, ne se traduit pas par une politique aveugle, au dépend de la solidarité, de l’accès à la santé, de l’urgence environnementale, du développement économique, mais allie au contraire rigueur et inventivité.
- Rigueur de gestion, en maîtrisant nos dépenses de fonctionnements (personnels et charges à caractère général) afin de continuer à investir dans des projets structurants.
- Inventivité afin de répondre à une ville et des besoins d’habitants qui évoluent, notamment au travers d’un travail de redéploiement et d’évaluation de nos politiques publiques qui se met en œuvre progressivement depuis quelques années.
Enfin, faire vivre la ville, c’est aussi permettre à chacun d’y trouver sa place. Nous voulons poursuivre la politique de construction de logements diversifiés malgré les difficultés que nous connaissons quant à leur financement par le conseil général qui détient la délégation de l’aide à la pierre. L’aide aux copropriétés en difficultés, l’appui à notre bailleur social communal, la lutte contre l’habitat insalubre dont le rapport 35 sur l’acquisition de l’immeuble situé 47 rue du Bois est l’illustration, sont pour nous des éléments essentiels. Sans oublier les programmes de logements sociaux et d’accession à la propriété, l’engagement pris pour la réalisation de l’aire des gens du voyage, qui sont autant d’éléments qui doivent permettre à notre ville de continuer à faire vivre la diversité et la solidarité. Cela suppose aussi un engagement sans faille de la ville pour limiter la hausse des prix et des loyers. Elle le fait à travers le budget de la ville en aidant de façon substantielle l’office municipale.
Je tiens cependant à dire que nous considérons que des progrès importants doivent être faits sur les modalités d’attribution des logements de l’Office municipal et la transparence des files d’attente. Trop de Nanterriens sont en attente d’un logement social sans savoir si leur dossier progresse réellement ni comment il est pris en compte au regard de critères de priorités mal connus par les demandeurs.
Par ailleurs, toujours sur le sujet du logement, nous resterons extrêmement vigilants et attentifs au ratio : 2 m² de logements pour 1 m² de bureau sur la ZAC Seine Arche. Il est clair que pour nous, entre autres critiques, la construction de l’ARENA tend à privilégier et à susciter la construction de bureaux au détriment de logements, ce qui nous fait dire que l’extension de la Défense sur Nanterre commence avec la construction de l’Aréna même si d’autres s’en défendent.
Et ce n’est pas le Syndicat d’étude et de projet qui contribuera à résoudre cette difficulté. Dans les quatre groupes de travail constitués – logement, développement économique, territoire à vivre, mobilité – le débat est difficile. En effet, nous sommes dans un syndicat ayant un objet précis : construire des projets et des études mais dans des domaines qui relèvent de la communauté d’agglomération du Mont Valérien, assemblée démocratique contrairement au SIEP. Quant à l’établissement public d’aménagement, il piaffe d’impatience pour aménager le territoire qui lui a été dévolu par l’Etat. Le SIEP est lourd de sous entendus. La superposition de structures ne facilite pas le travail et peut conduire à la paralysie. Nous étions sceptiques à l’origine du projet. Pour ma part, je le suis toujours.
Ce budget 2011 consacrera également des moyens importants en direction de l’éducation. Il s’agit de la construction de l’école « Lucie AUBRAC » aux Provinces Françaises qui ouvrira ses portes en janvier 2012 et également le nouvel IME qui sera inauguré le 30 avril 2011. L’enjeu de la réussite scolaire est primordial, il faut mettre les moyens nécessaires dans notre domaine de compétence pour y parvenir comme nous mettons les moyens au niveau du service public de la petite enfance avec l’ouverture de la crèche du Petit Poucet en avril où seront créés 10,5 équivalents temps plein. Le groupe socialiste se félicite de cette ouverture qui répond à des besoins ess
entiels des familles Nanterriennes.
La ville doit aussi maintenir son engagement aux côtés de entreprises d’insertion et de leurs projets, afin d’accompagner les personnes suivies et d’apporter des services nouveaux. Cette mobilisation doit s’appliquer également au partenaire naturel de la Ville qu’est l’Office municipal Hlm. L’OMHLM est aujourd’hui le bailleur social qui a le moins respecté les obligations d’insertion des opérations ANRU. A lui seul, il cumule 86% des 26 000 heures d’insertion manquantes au bilan des opérations de rénovation urbaine. Je rappelle que l’ANRU pourra être amenée à prendre des sanctions financières globales – c’est-à-dire à l’encontre de l’ensemble des parties prenantes de l’opération – si l’objectif d’insertion n’est pas atteint. La nonchalence de l’Office fait donc peser un risque pécuniaire sur tous les partenaires, y compris la Ville.
Par ailleurs, utilisons aussi ce formidable outil qu’est la maison de l’emploi et de la formation pour développer les formations et métiers de demain, ceux du développement durable : bâtiments économe, transports propres, énergies renouvelables.
Concernant les transports, le prolongement EOLE aurait pu permettre le désenclavement du Petit Nanterre, en installant une gare au pont de Rouen, et nous déplorons que cette solution n’ait pas été privilégiée. Nous espérons au moins que ce prolongement du RER E, en améliorant les liaisons avec le centre de la Métropole, permettra l’atténuation, ou mieux la disparition des coupures urbaines.
Les débats publics que ce soit autour du projet Arc express ou Grand Paris auraient pu être une chance pour Nanterre, avec ses citoyens. Sur ces sujets, nous travaillons pour les 50 ans qui viennent et n’avons pas le droit à l’erreur. Or, le protocole d’accord entre l’Etat et la Région dans notre secteur n’est pas satisfaisant. Obsédé par la connexion avec la Défense, le Grand Paris express passerait à côté des territoires les plus dynamiques et ayant les plus forts potentiels. C’est pourquoi Nanterre a raison de demander une station de métro à la Boule. Mais ce n’est pas suffisant. Tant que le tracé du super métro passe par la Défense, le STIF nous a indiqué qu’il n’y aurait pas de station à la Boule. Nanterre doit donc obtenir un autre tracé, partant de la place de Belgique et allant vers Rueil-Malmaison, pour avoir une station à la Boule. Pour cela, nous devons faire front commun avec Colombes et La Garenne-Colombes qui proposent un tracé alternatif et y associer Rueil-Malmaison.
Enfin, les études se poursuivent sur le prolongement du tramway T1 qui contribuera énormément au développement de Nanterre.
Pour conclure, quelques mots sur la préparation de ce budget. Les notes du DOB et du budget sont riches de beaucoup d’éléments d’information, et je remercie les élus et les services concernés pour ce travail. Néanmoins, nous pensons que les supports préparatoires à la discussion budgétaire pourraient encore gagner en précision, en clarté et en lisibilité, afin de permettre à l’ensemble des élus d’avoir un débat encore plus riche et un vote argumenté. C’est plus particulièrement vrai cette année 2011, avec l’entrée dans le CAMV, qui rend plus difficile une analyse comparée avec les années précédentes. Le groupe socialiste demande qu’un effort de pédagogie et d’explication soit fait en lien avec ce nouveau contexte.
Les enjeux que j’ai soulevés ici, comme les propositions qui ont été mises en avant à l’occasion du débat d’orientation budgétaire, trouvent leur traduction dans le budget 2011 qu’il nous est proposé de voter ce soir. C’est pourquoi le groupe des élus socialistes votera ce budget.
Je vous remercie
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