Saïd Bouziri nous a quitté

Un grand homme nous a quitté , il nous avait fait l’honneur de venir participer aux débats que nous organisions à Nanterre pour la section de la LDH Nanterre. Un très grand défenseur des droits de l’homme. Une pensée pour sa famille.

Né le 4 juin 1947 à Tunis et décédé à Paris le mardi 23 juin, Saïd Bouziri, arrive en France en 1966 pour poursuivre des études d’économie à Lyon puis à Paris. Il s’engage au lendemain des évènements de mai 1968 dans la défense des droits des Palestiniens et des immigrés.

Alors même que des étrangers sont exclus du droit d’association, Saïd Bouziri, étudiant-travailleur participe à la fondation des Comités Palestine puis du Mouvement des Travailleurs Arabes et du Comité de Défense de la vie et des droits des travailleurs immigrés. En 1972, il est visé ainsi que sa femme par une mesure d’expulsion du territoire pour atteinte à l’ordre public. Leur grève de la faim en février de cette année une des premières organisées par des immigrés depuis la guerre d’Algérie a un grand retentissement. Titulaire des mois durant d’un titre de séjour renouvelable, Saïd Bouziri se lance néanmoins dans l’organisation active des grèves de la faim pour la régularisation des années 1972-1973, puis dans l’appel, le 14 septembre 1973, à une grève générale des travailleurs immigrés de la région parisienne contre la vague raciste du midi de la France puis participe de manière active au comité de soutien au mouvement de grèves des loyers des foyers Sonacotra.

Durant la deuxième moitié des années 1970, Said Bouziri milite dans le quartier qu’il a habité jusqu’à son décès : la Goutte d’Or, en créant une association culturelle d’animation du quartier et une librairie rue Stephenson. Après avoir été l’un des fondateurs des journaux Sans Frontière (1979-1986) puis Baraka , il est aussi l’un des pionniers des radios libres : en juin 1981, il créée avec ses amis Radio Soleil Goutte d’Or.

Membre du Conseil d’administration du Fonds Action Social (FAS), du Conseil national des populations immigrées et du Conseil d’administration de la Fonda, Saïd Bouziri participe en 1987 à la création de l’association Génériques dont il deviendra le deuxième président.

Responsable de la Commission immigrés de la Ligue des Droits de l’Homme puis trésorier national (il venait d’être réélu à cette fonction le 2 juin dernier lors du dernier congrès de la LDH) , Saïd Bouziri a animé jusqu’à ses derniers moments la campagne de la votation citoyenne, en faveur de l’octroi du droit de vote aux étrangers aux élections locales.

Engagé dans la vie syndicale de son entreprise jusqu’à sa retraite, Said Bouziri a gardé toute sa vie et quelles que soient ses responsabilités nationales une sensibilité particulière aux plus démunis dont les sans-papiers et à l’action de terrain. C’est ainsi qu’il a animé aux côtés notamment de l’anthropologue Emmanuel Terray le quatrième collectif des sans papiers qui a mobilisé de nombreux travailleurs irréguliers d’Asie. Directeur de publication de la revue Migrance, revue spécialisée dans l’histoire de l’immigration, Saïd Bouziri donnait le 11 juin dernier le coup d’envoi à une grand exposition accueillie aux archives municipales de Lyon et qui s’intitule : Générations, un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France et qui sera visible à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration à Paris à partir du 17 novembre prochain.

1 réponse
  1. christiane
    christiane dit :

    Etudiante en droit, j’étais une amie de Saîd Bouziri, connu lors de sa vie d’étudiant à Lyon, et de sa femme, je les avais vus heureux à Paris malgré les combats difficiles qu’ils menaient. Nos vies n’avaient pas pris le même chemin, et les traces s’étaient presque effacées. J’ai pris connaissance du décès de Saîd par hasard et j’en suis très peinée. Merci de faire suivre ce message à sa femme. Christiane

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